La voie de la Tora
Par le Admour de Kalov (Rabbi Moché Ben Raïzel , refoua chéléma) |
Paru dans Kountrass n° 208, Eloul 5777. Nous remercions la direction de ce magazine de nous avoir permis de vous faire part de cette parution. |
Le rabbi de Kalov a “écrit” un texte “Prescription absolue” et nous le publions ici. Ce texte est particulièrement émouvant car il est rédigé par une personnalité rabbinique qui s’est dévouée pendant de longues années, visitant le monde communauté par communauté, ville par ville, école par école. Le public français a eu droit à de nombreuses visites de sa part, et grâce à lui, d’innombrables personnes se sont rapprochées de la pratique, chacun à leur niveau. Ces efforts étaient totalement bénévoles et gratuits.Mais, voici trois ans, sa vie a connu dans un tournant dont nous supportons encore les effets : une paralysie progressive (ALS) frappe le rabbi, au point qu’il ne peut plus communiquer, si ce n’est par le biais de la vue : un moyen technologique unique a été mis en place spécialement pour lui, et il parvient grâce à cela à écrire, et à s’exprimer et à transmettre ses précieuses bénédictions !Mais justement, le rabbi n’arrête pas d’œuvrer et d’étudier, malgré sa totale paralysie physique: il n’est même pas en mesure d’écrire de sa main, mais c’est par la vue qu’il parvient à imprimer des mots les uns à côté des autres, le tout se terminant, comme dans le présent article, par un texte d’une dimension remarquable ! En fait, le rabbi passe sa journée à étudier (en dehors des heures où il prie, et celles où il continue à recevoir et à répondre aux demandes du public). Sa plus grande préoccupation est le bien-être et l’évolution spirituelle de chaque juif. Son visage rayonne de bonheur quand il reçoit un message de son secrétaire lui apprenant qu’une personne a réussi à faire Chabbath ou à mettre les Tefilin, qu’elle s’est mariée et qu’elle a inscrit ses enfants dans une école juive. |
Il a également veillé à mettre l’un de ses fils, le Rav Issakhar Dov sur le terrain, c’est lui qui se déplace selon ses directives, dans les différentes communautés de par le monde. Guadeloupe, Martinique, Argentine, USA, France, Espagne, Maroc, Israël étant les destinations pour l’année 2017 |
Le Rabbi de Kalov
Il est également possible de se rendre auprès de l’Admour de Kalov à New York (rendez-vous via le tél /whatsapp 00972-587768689).Veuillez prier avec ferveur pour la guérison complète de Rabbi Moché Ben Raïzel . |
Cette situation ajoute une dimension particulière au présent texte, que l’on peut lire aussi dans Kountrass, revue de Tora unique en son genre, www.kountrass.com |
Prescription absolue
Nos ancêtres ont proclamé : « Nous allons faire, puis nous allons entendre ! » (Chemoth/Exode 24,7). C’est une attitude qu’il n’est pas aisé de comprendre : comment peut-on d’abord s’exécuter, puis seulement savoir quoi faire ? Ne faut-il pas avant toute chose recevoir les justes instructions ? Expliquons cela avec une anecdote qui s’est déroulée récemment. J’ai envoyé quelques-uns de mes élèves dans une faculté de médecine où étudient des centaines de jeunes juifs, afin de les aider sur le plan spirituel. Pourquoi ? Lorsqu’un étudiant en médecine tombe malade, il est le premier à comprendre combien il est important de se conformer aux instructions du médecin consulté, prendre les médicaments prescrits, voire même s’intéresser à leur effet. Et même si le médecin lui prescrit un remède amer, ou difficile à avaler, il n’hésitera pas à le prendre, sachant que c’est ainsi qu’il pourra retrouver sa santé et continuer à profiter de la vie pour longtemps. De même, si un certain aliment s’avère dangereux pour lui, même s’il est succulent, il l’évitera à tout prix, même en quantité infinitésimale. « Car c’est Moi Hachem ton médecin… » On établira alors un raisonnement a fortiori : si nous suivons si scrupuleusement les ordonnances d’un médecin humain, à plus forte raison devons-nous suivre celles du Créateur Qui se présente sous le titre de « médecin de toute chair » (bénédiction Acher Yatsar après avoir fait ses besoins) et : « Je suis l’Eternel Qui te soigne » (id. 15,26) ! En tant que Créateur de tout être, dont il Se soucie de manière continue, Il connait la nature de l’homme et du monde, ce qui est bien pour nous et notre corps, dans ce monde-ci et dans le monde futur. Ceci, même s’il a difficulté à trouver une autre nourriture, et même si cet aliment semble bon, car il comprend que cela risque de lui faire du mal. Pour donner une illustration à cela, nous savons que notre maitre le Rambam (qui était aussi un grand médecin) explique l’interdiction des animaux impurs par le fait que leur nature mauvaise et cruelle va imprégner les consommateurs de leur chair. Et il en sera de même avec les autres aliments interdits, qui causent des dommages au corps et à l’âme de la personne, qui est l’élément essentiel de sa personne. Le saint Zohar dit également que la consommation de tels animaux appartenant à la « sitra a’hra » (« l’autre côté », expression zoharique désignant les forces du mal) fait qu’un esprit d’impureté imprègnera celui qui les consomme. Le Ba’al Chem Tov a rapporté qu’une personne ayant une fois demandé quelle était l’opinion du Rambam à l’égard de la résurrection des morts, (sachant qu’on peut apporter des preuves en faveur d’un tel phénomène, et des preuves contre) le maitre a refusé de répondre lui-même mais a demandé à un disciple de le faire : « De votre question, on peut déduire que vous avez succombé à la tentation de manger des aliments interdits, qui sont véhiculés par le sang jusqu’au cerveau, et c’est ce qui vous amène à des hésitations dans le domaine de la foi établie dans le cœur depuis Avraham notre ancêtre ! » La solution imbattable contre le « Je ne peux pas ! » En fait, ce raisonnement ne concerne pas seulement les étudiants en médecine, ne se limite pas aux aliments interdits, mais peut être étendu à tout Juif dans son respect des mitsvoth de la Tora. Tout lui aurait alors paru beaucoup moins difficile dans la mesure où elle aurait été convaincue de l’intérêt de tout cela. D’abord s’exécuter, puis seulement savoir quoi faire ? D’autres, toutefois, annoncent d’abord vouloir comprendre comment le respect desmitsvoth a des incidences positives, et comment la défection dans leur pratique peut avoir des incidences négatives, se déclarant prêts à cette condition seulement, à accepter le joug des mitsvoth. D’autres encore, dont des jeunes qui n’ont jamais étudié la Tora, affirment rejeter les mitsvoth au prétexte « qu’ils ont des questions » sur nombre de sujets et sans les réponses qu’ils attendent, ils ne sont pas prêts à avancer. Par nos grandes fautes, même des personnes respectueuses des mitsvoth peuvent, de nos jours, en arriver volontairement ou non, dans le secret ou à la vue de tous, à se laisser entrainer par des sites méprisables reprenant des arguments anciens, visant à minimiser l’importance de la pratique des mitsvoth. Ceux qui sont affaiblis dans leur engagement par manque de connaissance et d’étude, peuvent en arriver à penser que ces discours sont fondés, puis fléchir dans leur respect des mitsvoth voire même songer à en rejeter complètement le joug. Nous aurons recours, cette fois-ci encore, à l’image du « médecin » pour contrer ces incitations de la part du penchant au mal. Cependant, une fois entamée l’étude de la Tora, il sera possible de découvrir petit à petit les raisons de toutes les mitsvoth, et d’apporter des réponses à toute question. Et, bien entendu, la sainte Tora est d’une sagesse dépassant l’étendue de la mer, et plus encore celle de la médecine ; à chaque mitsva, on peut trouver de nombreuses réponses et raisons. Consulter les spécialistes Il en sera de même dans notre domaine : on se dirigera vers une personne qui a plus étudié, ou on cherchera dans les livres, mais il n’existe pas de question qui n’ait pas de réponse ; et même celles que le commun des mortels ne parvient pas à résoudre dans l’immédiat, toute personne aguerrie dans l’étude de la Guemara comprend les bases de la foi, la grandeur des mitsvoth et les raisons de leur imposition; Là aussi, on reviendra à l’image des médecins qui se sont penchés avec assiduité sur le monde et comprennent clairement comment des forces physiques imperceptibles telles que bactéries et des virus peuvent avoir de l’influence, de même la personne qui a étudié nos sources peut comprendre les forces spirituelles secrètes émanant de la pureté, et de son contraire. Faire confiance aux ancêtres. Il faut juste, pour y parvenir, s’écarter des incitations au mal, qui brouillent la clarté de la pensée humaine. Les millions de Juifs, au courant des générations, qui ont respecté l’ensemble de nos lois même s’ils n’ont pas étudié la Tora, étaient heureux d’accomplir les mitsvoth sous les conseils des autorités rabbiniques et des sages, dont certains étaient d’une richesse incomparable, tel le Rambam ou le Abrabanel, et d’autres maitres au cours des générations, tous disant : « Nous avons appris, et en savons les motifs ». De la sorte, ceux qui n’ont pas encore emmagasiné de grandes connaissances, les jeunes en particulier, doivent se renforcer et accomplir les mitsvoth dans la foi, voyant des milliers d’adultes les respectant et étudiant, arrivant à comprendre les sources de nos obligations. Il est possible de dire que c’est là ce qu’ont voulu dire nos Sages en montrant que le fait d’accomplir passe avant l’écoute : au départ, il faut respecter ces obligations avant d’en découvrir les raisons, comme on le fait face à des ordonnances du médecin, et ce n’est qu’après que l’on en comprendra les motifs. Que l’Eternel nous permette de recevoir la Tora de tout notre cœur, dans la joie, et que toutes les bénédictions et les influx positifs nous parviennent, dans la délivrance définitive ! |