03.10.17 Lettre de l’Admour de Kalov chlita à l’approche de la fête de Souccot
La joie authentique est éternelle !
Nous vivons une période où l’homme est très attiré par les plaisanteries et les moqueries, et consacre beaucoup de temps à raconter, voir ou écouter des blagues.
La raillerie s’étend à tous les domaines de l’existence, au point que même des directeurs d’entreprises ou des chefs d’Etat y ont recours : c’est devenu presque le seul moyen d’attirer l’attention de la foule.
A l’approche de la fête de Souccot où la joie est particulièrement mise en exergue, il convient de réfléchir : pourquoi cette abondance de moqueries propres à notre époque n’entraîne-t-elle pas dans son sillage un débordement de joie ?
Or, force est de constater que le nombre d’hommes tristes et dépressifs est en constante augmentation.
La réponse se trouve dans l’histoire vécue par un Baal Téchouva qui s’est un jour confié à moi :
Il était l’une des « stars » du show-biz aux Etats-Unis, avec sa troupe de comiques diffusant une culture de bouffonnerie dans le monde entier. Mais il n’avait jamais ressenti alors de joie ou de satisfaction authentique.
Il en vint à réaliser la fausseté de ces rires : ils se moquent de faits réels et sérieux comme la religion, et se composent un visage joyeux et heureux d’une vie de futilités, comme les passions, la violence et la fraude, alors que dans la vie réelle, on n’accède pas à la joie et au bonheur authentique par ce biais.
Cette réflexion le conduisit à éprouver du dégoût pour son travail et à tout quitter, à se rapprocher du judaïsme, et c’est alors qu’il a commencé à ressentir une joie de vivre réelle.
C’est la réponse à notre question!
En effet, la facticité apporte parfois des moments de plaisir superficiel, mais la joie et la satisfaction authentique et éternelle ne sont accessibles que par la voie de la vérité.
Or, une conduite légère éloigne de la vérité, on quitte ensuite la voie vertueuse et on se détruit l’existence en plongeant dans la tristesse et la déprime.
Nous connaissons l’adage de nos Sages : « Une moquerie détruit cent réprimandes ».
Un homme sage peut se consacrer longuement à l’écriture de textes prouvant la vérité de D.ieu, et en un clin d’œil, un moqueur peut détruire toute l’impression produite par les propos du Sage.
Cette attitude moqueuse produit une faille dans la foi : à force de ridiculiser les maîtres du judaïsme, on rejette leurs propos et on ne suit pas leur trace, et on en vient à mépriser toute sainteté, jusqu’à faire abstraction de l’existence du Créateur, que D. nous en préserve.
Les Philistins étaient plongés dans la moquerie et le mensonge qui vont de pair.
Nos Sages ont commenté les propos du Roi David (Téhilim 1,1) :
« …et ne prend point place dans la société des railleurs »,
à savoir qu’ils ne devaient pas fréquenter les Philistins, qui étaient des railleurs, comme nous le voyons (Choftim 16,25) dans l’histoire du festin organisé par les princes philistins, qui se complaisaient dans les moqueries, après avoir réussi à s’emparer de Chimchon.
Ils étaient également des menteurs, comme nous l’avons vu en divers endroits : le roi des Philistins, Avimélekh, avait proféré des mensonges.
Nous pouvons ainsi résoudre la question soulevée dans la paracha de Béchala’h (13,17) : lors de la sortie des Bné Israël d’Egypte, ils empruntèrent un détour par le désert, D.ieu ne choisit pas le chemin le plus direct, le pays des Philistins, situé entre l’Egypte et Erets Israël, de peur qu’ils redoutent de combattre les habitants du pays et retournent directement en Egypte.
Or, d’où provenait cette crainte ?
D.ieu avait affiché au monde entier Sa puissance contre les Egyptiens, et tous les peuples redoutaient les Bné Israël, comme l’atteste ce verset :
« A cette nouvelle, les peuples s’inquiètent, un frisson s’empare des habitants de la Philistée. »
Mais d’après ce qui est rapporté ci-dessus, il apparaît qu’un grand danger planait : pendant la courte durée de leur passage au pays des Philistins, ils risquaient d’être attirés par la force de la raillerie, de se décourager et de retourner en Egypte.
A Souccot, nous nous apprêtons à accomplir la Mitsva de résider dans la Soucca, en souvenir du miracle des nuées de Gloire mises à notre disposition au moment de la sortie d’Egypte, qui ont constitué une protection pour nous pendant la marche dans le désert aride, comme il est écrit (Vayikra 23, 42-43) :
« Vous résiderez sept jours dans les tentes, afin que vos générations sachent que J’ai donné des tentes aux enfants d’Israël lorsque Je les ai fait sortir d’Egypte. »
La Mitsva de Soucca nous rappelle l’idée de nous éloigner de la moquerie mentionnée ci-dessus ;
c’est la raison pour laquelle le Saint béni soit-Il ne nous a pas fait passer par le pays des Philistins, mais par le désert où il fallait opérer le miracle des Nuées de Gloire de manière surnaturelle;
de là, nous devons apprendre à quel point il faut s’évertuer à s’éloigner des moqueries, et D.ieu prodigue Son aide à tous ceux qui s’en éloignent, même au-delà des lois de la nature.
C’est pourquoi la fête de Souccot est le moment de notre joie, car lorsqu’on s’éloigne de la moquerie, on découvre la joie authentique.
A ce sujet, mentionnons les propos de mon ancêtre, Rabbi Its’hak Eizik de Kamarna, dans son ouvrage Notsar ‘Hessed : le concept moderne de politique a recours à la moquerie et au mensonge, issus de la manière d’être des Philistins.
Et si c’était valable à son époque, il y a environ 160 ans, c’est encore plus vrai de nos jours, où le sarcasme et le mensonge de la politique sont visibles aux yeux de tous.
Le Rav de Rouzyne commente l’affirmation de nos Sages selon laquelle le prophète ‘Habakouk a poussé tout le judaïsme vers la foi (‘Habakouk 2, 4) : « Le juste vivra par sa ferme loyauté »,
cette prophétie a été prononcée sur la génération où viendra le Messie, car seule la Emouna a la force de faire tenir l’homme dans son judaïsme.
Avant d’accomplir une Mitsva, même s’il regarde autour de lui pour voir si on se moque de lui, il la réalise néanmoins, désirant se conformer à l’ordre divin.
Chaque Mitsva sera alors très appréciée dans les Cieux, même si elle n’est pas réalisée avec toutes les intentions et la minutie des générations précédentes