20.10.11
Aspirer à un langage pur
Parachat Noa’h
« Toute la terre avait une même langue » (Noa’h 11)
Dans son ouvrage Hékhal Habrakha (Paracha Ki-Tétsé), mon vénéré ancêtre, Rav Its’hak Eizik de Kamrana zatsal, rapporte un rêve fait la nuit dans lequel du Ciel, on lui ordonnait de diffuser par le biais de son livre le message suivant : la majorité des malheurs de l’exil proviennent de l’absence de retenue dans le domaine du langage ; en effet, si l’on ne prend pas garde à se retenir de prononcer des propos interdits qui rendent la bouche impure, lorsqu’ensuite on se met à prier, on laisse la voie libre aux forces impures pour se saisir des mots de la prière et empêcher qu’ils montent au Ciel.
Le ‘Hatam Sofer a un jour expliqué dans l’oraison funèbre d’un grand Sage de sa génération (Drachot du ‘Hatam Sofer) que de manière naturelle, l’haleine émanant de la bouche de l’homme lorsqu’il parle s’élève vers le ciel et pénètre dans les nuages. Or, lorsqu’on faute en émettant des propos interdits comme le lachon hara (médisance) ou la rékhilout (colportage), cette haleine rend impure l’eau de pluie condensée dans les nuages, si bien que les fruits et la récolte qui poussent ensuite grâce à cette pluie sont contaminés par cette Touma. Celle-ci touche également ceux qui les consomment, et en un véritable cercle vicieux, les propos impurs se multiplient, et l’impureté augmente de plus en plus.
D’après le ‘Hatam Sofer, lorsque le Saint béni soit-Il remarque que les hommes se pervertissent et fautent pour cette raison, dans Sa grande bonté et compassion, Il bloque le Ciel pour que la pluie impure ne tombe pas, et endigue la diffusion croissante de cette impureté.
La Guémara l’explique ainsi dans le traité Taanit (7b) : « Les pluies ne sont arrêtées qu’en raison de ceux qui profèrent des paroles interdites ».
Nous pouvons interpréter dans cette optique l’histoire de la génération de la Tour de Bavel dans la Paracha de la semaine. Lorsque tous les habitants de la planète parlaient la langue sainte, du fait que tous se comprenaient, ils pouvaient librement parler les uns des autres, et par là, les propos de médisance et de colportage s’intensifièrent, de même que leurs corollaires – l’impureté et la faute. En conséquence, le Saint béni soit-Il, dans Sa grande miséricorde, décida de créer de nombreuses langues différentes pour les diverses nations du monde, en vue d’affaiblir la portée des propos impurs et calomnieux.
De fait, lorsque le ‘Houmach relate que tout le monde parlait la langue sainte, les termes employés sont les suivants : « Il se trouvait que toute la terre (Vayéhi kol haarets) avait une langue ».
Or, l’emploi du terme « vayéhi » signale un malheur, comme l’indique la Guémara (Méguila 10b) : il était en effet catastrophique que tout le monde parle la même langue, car la prolifération de propos calomnieux et de colportage déclenchait d’innombrables malheurs, tant sur le plan matériel que spirituel.
D’où la démarche suivante entreprise par Hachem : « D.ieu confondit (balal) le langage de tous les hommes et de là, l’Eternel les dispersa sur toute la surface de la Terre. »
Cela nous montre l’importance de nous éloigner des propos interdits comme la médisance et le colportage qui polluent l’atmosphère et sont à l’origine de nombreux malheurs, et au contraire, celle de multiplier les saintes paroles de Torah et de prière, qui exercent des influences positives et purificatrices sur l’ensemble de l’univers.