Assumer ses convictions pour la Torah
(Parachat ’Hayé Sarah))
J’ai reçu cette semaine une bonne nouvelle en provenance de la communauté Chouva Israël d’Argentine :
l’un des membres influents de cette communauté a été nommé Rav de la congrégation, par mon ami, le Gaon et Tsadik Rav Eliézer Bendavid chlita, qui en est le dirigeant. J’ai remarqué comment sous sa férule et son influence, la communauté s’est considérablement développée ces quarante dernières années – aujourd’hui, les élèves ayant étudié au sein de ses institutions diffusent la lumière de la Torah dans le monde.
Comme me l’a relaté le Rav Bendavid, il est né en Iran dans une famille non pratiquante. Il dirigea même dans sa jeunesse le mouvement de jeunesse juif laïc à Téhéran. Un jour, le Rav Its’hak Méir Lévy le rencontra. Il était venu en mission, mandaté par le notable Its’hak Chalom, pour y créer un réseau d’établissements scolaires affilié à Otsar Hatorah. Le Rav Lévy lui fit découvrir le judaïsme, lui posa les Téfilines, et à partir de là, il devint un autre homme, et décida de se rendre en Erets Israël pour étudier à la Yéchiva.
Son père, qui était un homme aisé, s’opposa à son idée, et lui expliqua que s’il voulait s’y rendre, il devait lui signer un document stipulant qu’il renonçait à l’héritage qui lui revenait. Foncièrement déterminé, il signa courageusement le document. En dépit de son jeune âge, il quitta ses parents, ses amis et sa ville natale pour rejoindre seul le rivage de la terre sainte, dans le but d’étudier la Torah et respecter les Mitsvot. Il s’éleva de plus en plus, élargissant les frontières de la sainteté – il a créé et dirigé des communautés et de grandes institutions en Israël. Tout ceci, grâce à sa détermination dans la sainteté.
D’après les lois de la psychologie, l’homme est naturellement influencé par son environnement, au point qu’il lui est presque impossible d’être différent de son entourage. Mais cette règle n’est pas valable pour le Juif : un Juif qui a grandi dans un foyer et un environnement hostiles à la religion possède en lui les forces pour surmonter cette opposition avec une sainte obstination pour s’élever dans la Torah et les Mitsvot.
On raconte à ce sujet que le Gaon et ‘hassid Rabbi Mordékhaï Latner, l’un des élèves de mon ancêtre Rabbi Tsvi de Ziditchov, rencontra un jour le Gaon Rabbi Yékoutiel Endel de Stri, un opposant à la ‘Hassidout qui a conduit de nombreux fils à être plus scrupuleux dans les Mitsvot que leurs pères. Il lui exposa des arguments qui le firent changer d’avis.
Voici les propos tenus par Rabbi Mordékhaï : dans la Michna de la fin du traité Sota où nos Sages décrivent la génération de la période précédant la venue du Machia’h, il est écrit au début : « Le fils dit des grossièretés à son père », puis : « Le fils n’a pas honte devant son père. » Après nous avoir relatés que le fils disait des propos grossiers et méprisants à son père, le texte mentionne qu’il n’a pas eu honte de son père. « Le fils dit des grossièretés à son père », c’est le fils qui est attiré par le groupe des Maskilim, fondé à l’époque précédant la venue du Messie, qui rejette et méprise son père respectueux de la Torah et des Mitsvot. Mais, mesure pour mesure, D.ieu a fait en sorte que même le fils n’ait pas honte vis-à-vis de son père – c’est le fils devenu ‘Hassid et scrupuleux dans les commandements, qui n’a pas honte de son père se moquant de lui.
Dans la suite de la Michna, on peut lire : « Sur qui pouvons-nous nous reposer, sur notre Père au Ciel ». Lorsque le fils réalise que tout dépend de notre Père céleste qui a créé et dirige le monde, et qu’il est tenu, comme son père, de Le respecter, il ne s’abstiendra pas d’accomplir les Mitsvot du Créateur, freiné par la honte ressentie par rapport à son père, sa famille et ses amis, qui sont de simples mortels, face à la volonté du D.ieu vivant et éternel toujours présente devant lui.
Cette force d’esprit si particulière permettant d’être croyant et de respecter les Mitsvot seul, dans un environnement de renégats, n’existe pas chez les nations du monde, mais uniquement chez les Juifs, qui l’ont reçue en héritage de nos patriarches et matriarches. Ils ont été les premiers à s’efforcer de briser leur nature pour se mettre au service du divin, et ont légué ces qualités raffinées à tous leurs descendants jusqu’à la fin des générations.
Tous les patriarches et matriarches ont vécu l’épreuve difficile de l’influence de l’entourage en fréquentant à un moment ou autre de leur existence, des hommes pervers de leur famille : Avraham avec son père Téra’h, Its’hak avec son frère Ichmaël, Yaakov avec son frère Essav et son beau-père Lavan, Sarah avec son père Na’hor, Ra’hel et Léa avec leur père Lavan. Mais celle qui a vécu l’épreuve la plus difficile était Rivka, qui a grandi dans une maison avec deux hommes pervers, son père Béthouel et son frère Lavan, et n’a pas suivi leurs traces, se conduisant avec bonté et animée de la foi en D.ieu.
Et lorsqu’Eliézer, le serviteur d’Avraham s’est présenté, avec son allure d’homme pieux, à Padan Aram, qui était un lieu où résidaient des hommes méprisables il leur a parlé au nom de la foi en D.ieu, et a demandé que Rivka l’accompagne dans la maison de son Rav, Avraham, pour épouser Its’hak et vivre une vie dédiée à la Torah et aux Mitsvot. Le texte de la Torah nous dit alors que Lavan et Béthouel appelèrent Rivka et s’exprimèrent avec mépris : “Partirais-tu avec cet homme-là ?” » – à savoir : suivrais-tu cet homme religieux ? Mais Rivka n’a pas eu honte et a rétorqué : « Pour sûr, je pars. »
Et cette force perdure jusqu’à ce jour, lorsque nous voyons des milliers de Juifs qui se renforcent pour suivre la trace de nos saints ancêtres, respecter les Mitsvot et même entreprendre des démarches ambitieuses comme aller à la Yéchiva ou au séminaire, et ce, en dépit des moqueries de certains membres de leur famille ou de leur entourage. Par ce mérite, ils auront droit à une vie heureuse et respectable à l’instar des patriarches et matriarches, avec l’aide de D.ieu